AÉROPORTS DE MONTRÉAL

MONTRÉAL-TRUDEAU

75 ans d'histoires

Montréal-Trudeau
75 ans d'histoires

Une publication de Communications Chevalier

Édition, conception et réalisation : Manon Chevalier, présidente, Communications Chevalier

Conseiller à la rédaction : Jacques Girard

Collaborateurs : Gilles Deschênes et Mathieu Sisto

Rédaction : Johanne de Bellefeuille

Traduction anglaise : Judith Berman

Révision : Nataly Rainville

Correction d'épreuves : Nylda Aktouf et Jane Jackel

Conception graphique : Langevin et Turcotte

Adjointe à la production : Mériem Ledoré

Photos : Caroline Bergeron, Aéroports de Montréal, Groupe Blimp, Le Devoir, Allan De La Plante, AP-Chao Soi Cheong/La Presse Canadienne, Melchior DiGiacomo/Getty Images

Photo de la couverture : Caroline Bergeron

Conception des vidéos : Groupe Blimp

Développement web et iOS : Air Code Design

514 848-0001
info@communicationschevalier.com

75 ANS, ÇA SE FÊTE !



Montréal-Trudeau fête ses 75 ans en septembre 2016. Depuis ses origines modestes, l’aéroport de Dorval a connu bien des changements et relevé le défi de la croissance.

Au début des années 40, on comptait à Dorval une dizaine de vols nationaux. Aujourd’hui, Montréal est devenue une plaque tournante importante du transport aérien. L’aéroport est desservi par 30 transporteurs qui offrent quelque 135 vols directs, dont plus de 100 vols vers des destinations américaines et internationales. Infrastructure essentielle pour le tourisme, les affaires et le commerce, Montréal-Trudeau contribue activement à la croissance et au dynamisme économique de la métropole.

Pour plusieurs, cet anniversaire ne manquera pas d’évoquer des souvenirs impérissables : départs pleins d’anticipation, retrouvailles touchantes, rencontres qui ont changé des vies, étapes marquantes.

Au fil des textes et des photos d’archives réunis dans ce cahier, vous pourrez vivre ou revivre des événements qui ont jalonné les 75 ans d’histoire de l’aéroport. Des événements uniques comme l’arrivée des Beatles, des moments historiques comme l’extraordinaire été de l’Expo 67, des rendez-vous annuels comme la fièvre du Grand Prix de Formule 1.

Plusieurs personnalités vous livrent leurs plus beaux souvenirs associés à Montréal-Trudeau : le retour de Lillehammer de Jean-Luc Brassard, le dévouement des admirateurs de Simple Plan, les retrouvailles émouvantes de Danièle Henkel avec sa famille, et même le premier voyage en avion de Julie Payette, expérience qui a transformé son parcours.

Vous en saurez plus sur cette formidable équipe qui permet à Montréal-Trudeau de se mesurer si avantageusement aux autres aéroports internationaux. Découvrez notamment comment l’équipe d’Aéroports de Montréal gère les défis posés par l’hiver et comment la planification stratégique permet d’assurer un avenir des plus brillants à l’aéroport.

Vous êtes donc conviés à la célébration, parce que l’anniversaire de Montréal-Trudeau, c’est aussi la fête de ses utilisateurs et de tous les Montréalais dont il fait la fierté. Bon voyage dans le temps… et vers le futur.

Bonne lecture !

James C. Cherry
Président-directeur général
Aéroports de Montréal

Montréal-Trudeau
75 ans d'histoires

Une publication de Communications Chevalier

Détails

514 848-0001
info@communicationschevalier.com

MONTRÉAL-TRUDEAU

MODERNE DEPUIS 75 ANS



Dès son inauguration en 1941, l’aéroport de Dorval s’impose comme un éloge à la modernité.

Le 1er septembre 1941 : une toute nouvelle aérogare est inaugurée sur l’emplacement de l’ancien hippodrome de Dorval, près de Montréal. L’aéroport entreprend ses activités doté d’un plan opérationnel qui prévoit la conception de trois pistes. L’aéroport de Saint-Hubert, en service depuis 1927, ne suffisait plus aux nouveaux besoins de l’aviation montréalaise, largement dictés par la guerre qui sévissait à ce moment-là. À vocation principalement militaire, alors que les vols transatlantiques se présentent comme la solution aux attaques de sous-marins ennemis, l’aéroport de Dorval est résolument moderne. C’est donc en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale qu’il entrera en activité.

De 1941 à 1945, l’aéroport servira principalement à la formation des pilotes des pays du Commonwealth et à l’envoi de pas moins de 10 000 avions militaires en Europe pour soutenir l’effort de guerre. À la fin de la guerre, en 1945, Dorval se consacrera à l’aviation civile, qui est en plein essor. Cette année-là, quatre lignes aériennes offraient 22 vols réguliers. Quelque 500 passagers transitaient chaque jour par Dorval, le gouvernement canadien le désignant comme porte d’entrée obligatoire de l’est du pays.

Dès l’année suivante, 250 000 voyageurs fouleront le sol de l’aéroport. Air France s’installera à Dorval en 1950. Puis, en 1951, Trans-Canada Airlines, qui deviendra Air Canada, inaugurera sa liaison Montréal-Paris. Dès 1952, l’achalandage annuel atteindra 590 000 passagers et de nombreuses autres lignes aériennes s’établiront à l’aéroport.

En 1955, l’aéroport de Dorval deviendra le premier en importance au Canada avec un achalandage de plus d’un million de voyageurs. L’année suivante s’amorcera le premier agrandissement de l’aéroport et la construction d’une aérogare de fret permettant d’accueillir les vols de marchandises en provenance de l’Europe. Le 15 décembre 1960, les travaux seront achevés au coût de 30 millions de dollars, et Dorval portera désormais le nom d’Aéroport international Dorval de Montréal/Montréal-Dorval International Airport. Dès 1961, c’est plus de deux millions de passagers qu’accueillera l’aéroport le plus vaste et le plus moderne du pays.

Au cours des années 60, les Québécois voyagent plus, les touristes abondent, et l’aéroport vit intensément ce tournant vers la modernité. La croissance est telle qu’un nouvel aéroport est construit pour recevoir les vols internationaux. L’Aéroport international de Montréal-Mirabel entre en service en 1975, à temps pour la tenue des Jeux olympiques de Montréal. Mais en 1997, les vols internationaux réguliers seront à nouveau dirigés vers Montréal-Dorval, qui entreprendra par la suite son plus ambitieux projet de modernisation.

Entre 1946 et 2016, le nombre de passagers qui transitent par Dorval, devenu Montréal-Trudeau, est passé de 250 000 à 16 millions. Plus de 31 000 personnes œuvrent pour l’une ou l’autre des entreprises établies sur le site de l’aéroport, sans compter les quelque 28 000 emplois indirects et induits liés à leurs activités. Montréal-Trudeau, c’est le moteur économique de toute une région et d’une industrie florissante. Montréal-Trudeau, c’est VOTRE aéroport !

LE TOURNANT DE L'AN 2000

À l’arrivée du nouveau millénaire, une véritable métamorphose s’amorce à Montréal-Trudeau. Depuis 2000, Aéroports de Montréal (ADM) a investi plus de 2,5 milliards de dollars pour doubler la capacité de l’aérogare et en faire un aéroport de classe mondiale, en plus de confirmer son rôle de chef de file des technologies aéroportuaires.

Les travaux d’infrastructure ont été entrepris en 2000 : ils comprennent une nouvelle jetée transfrontalière, une nouvelle jetée internationale ainsi qu’un complexe des arrivées internationales moderne, composé d’un hall des douanes canadiennes et d’une salle de récupération des bagages. L’essentiel de ce vaste programme a été achevé en 2006. Puis, un nouveau hall des départs transfrontaliers et un hôtel quatre étoiles ont été inaugurés en 2009.

Cette croissance prend en compte les défis environnementaux, qu’il s’agisse de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et du niveau de bruit ou encore du développement durable. Bien que la superficie de l’aérogare ait presque doublé à la suite des travaux, sa consommation énergétique a été réduite de moitié, principalement en raison de la mise en service, en 2003, d’une nouvelle centrale thermique ultra-performante.

Très tôt aussi, des bornes d’enregistrement libre-service ont été installées à l’aéroport comme solution de rechange aux comptoirs traditionnels. Dès lors s’amorçait une véritable révolution du libre-service, qui s’est progressivement étendue à d’autres étapes du parcours des passagers : étiquetage des bagages, dépôt des bagages, contrôle des passeports, etc. Montréal-Trudeau est d’ailleurs reconnu pour ses nombreuses innovations à ce chapitre.

En ce qui a trait à la sécurité, ADM collabore avec l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’Association du transport aérien international, le Conseil international des aéroports, l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien et d’autres organismes dans le but de concevoir la prochaine génération de points de contrôle de sécurité. Cette collaboration vise à accélérer les procédures de départ et à minimiser les désagréments pour les passagers, tout en respectant les exigences de sécurité les plus strictes. Le début du 21e siècle sera le témoin de la croissance constante et équilibrée de Montréal-Trudeau, un aéroport bien ancré dans le présent qui envisage l’avenir avec enthousiasme.

L'ORIGINE
DU CODE YUL



Le 1er janvier 2004, l’aéroport de Dorval est renommé Montréal-Trudeau, mais pour certains, il restera toujours YUL. Si ces trois lettres sont bien connues des compagnies aériennes et des voyageurs, leur origine l’est un peu moins.

Dans les années 30, la multiplication des aéroports dans le monde rend essentiel ce système d’identification par codes. Le Canada réserve alors la totalité des codes commençant par Y. Dès lors, l’identification de tous les aéroports du Canada débutera par cette lettre. Dans le cas de Montréal-Trudeau, les deux autres lettres – U et L – correspondent à la fréquence émise par le radiophare situé à Kirkland, près de Dorval. Le code YUL indique donc que nous nous trouvons au Canada, près de la balise située à Kirkland.

Deux organismes internationaux gèrent ces identifications pour tous les aéroports du monde. Il s’agit de l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’OACI, et de l’Association du transport aérien international, l’IATA. Les codes de l’OACI sont composés de quatre lettres, tandis que ceux de l’IATA, les plus fréquemment utilisés, n’en comportent que trois.

Montréal-Trudeau est devenu rapidement un joueur important du transport aérien international et Montréal, la capitale mondiale de l’aviation civile. Tant l’OACI que l’IATA y ont établi leur siège social, tout comme le Conseil international des aéroports, l’ACI.

DANIEL LAMARRE

PRÉSIDENT ET CHEF DE LA DIRECTION DU CIRQUE DU SOLEIL

« Montréal-Trudeau est maintenant parmi les plus beaux aéroports du monde. Le travail qui y a été fait est exceptionnel. Je reçois souvent des commentaires très positifs sur l’aéroport et je trouve ça valorisant. Comme c’est ma deuxième maison, je veux qu’il soit beau et accueillant ! »

Il ne se passe pas une semaine sans que Daniel Lamarre ne foule le sol de Montréal-Trudeau. Et l’homme d’affaires s’enorgueillit chaque fois des progrès qui ont fait de SON aéroport un lieu d’exception. « Montréal-Trudeau est maintenant parmi les plus beaux aéroports du monde. Le travail qui y a été fait est exceptionnel. Je reçois souvent des commentaires très positifs sur l’aéroport et je trouve ça valorisant. Au fil des ans, j’ai assisté à sa métamorphose. Comme c’est ma deuxième maison, je veux qu’il soit beau et accueillant ! »

Et c’est justement dans cette deuxième maison que Daniel Lamarre accueille les nombreux invités du Cirque du Soleil. « On l’oublie souvent, mais l’aéroport, c’est le premier message qu’une ville envoie à ses touristes. Je peux vous parler des aéroports du monde entier et vous dire, de mémoire, lesquels sont magnifiques et lesquels laissent à désirer. Souvent, cette première impression colore le souvenir qu’on garde d’une ville. Pour moi, c’est extrêmement important que notre aéroport soit accueillant. »

Car Daniel Lamarre aime passer du temps à Montréal-Trudeau. Pas par obligation, mais par plaisir, tout simplement. « J’arrive longtemps à l’avance parce qu’il y a une foule de choses à faire. On peut magasiner, manger dans de bons restaurants, fréquenter le lounge, faire cirer ses chaussures ! On peut aussi s’installer dans un coin tranquille pour lire des dossiers. Ce n’est pas qu’un endroit où prendre l’avion, c’est un lieu de vie. Ça fait toujours rire les gens au bureau, mais j’aime beaucoup voyager. Même après avoir fait le tour du globe, je continue de parcourir le monde pour le Cirque et j’aime encore ça. »

Les souvenirs abondent pour ce grand voyageur, mais un événement l’a marqué plus que tout autre. « C’était en 1992, lors du retour de Sylvie Fréchette des Jeux olympiques de Barcelone. J’y ai participé personnellement, car c’est moi qui avais coordonné son arrivée pour le Cabinet de relations publiques NATIONAL. » On se souviendra que Sylvie Fréchette avait échappé la médaille d’or en nage synchronisée à la suite d’une erreur d’une juge brésilienne. Les médias étaient tous présents à l’arrivée de l’athlète. « J’avais été très impressionné par les services qu’offre l’aéroport aux célébrités, les VIP. On avait pu éviter la cohue et organiser la conférence de presse pour le retour de Sylvie. »

Daniel Lamarre parle du passé, du présent et du futur de Montréal-Trudeau en témoin privilégié de son évolution. « Ce que je retiens de l’aéroport Montréal-Trudeau, c’est l’amélioration incroyable dont nous bénéficions tous et qui se poursuit encore et toujours. »

KENT NAGANO

CHEF D’ORCHESTRE ET DIRECTEUR MUSICAL
DE L’ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL

« Un aéroport, c’est la porte d’une ville. Une fois cette porte franchie, tout un univers s’offre aux visiteurs. Pour moi, l’aéroport Montréal-Trudeau, c’est un peu la porte de la Maison symphonique ! »

Kent Nagano voyage beaucoup, souvent, passionnément. « Je suis appelé à voyager fréquemment pour mon travail, qui m’amène aux quatre coins du monde. Par conséquent, je passe beaucoup de temps dans les avions et les aéroports. À Montréal-Trudeau, je constate un désir de conserver les valeurs qu’on associe à un aéroport à échelle humaine. Quand on arrive dans les très grands aéroports, comme Heathrow à Londres ou Charles-de-Gaulle à Paris, on ne retrouve pas ce contact humain qui fait tout le charme de Montréal-Trudeau. L’aéroport est vraiment à l’image de la ville, accueillant et décontracté. »

Ce charme unique teinte la perception des voyageurs provenant de l’étranger à l’égard de la métropole, surtout en ce qui a trait à son offre culturelle, qui est mise en évidence à l’aéroport. « Avec la Maison symphonique, Montréal s’est dotée d’un lieu exceptionnel pour les amateurs de musique. Cette salle unique propose aux visiteurs qui la fréquentent, comme aux Montréalais, une formidable expérience culturelle. Un aéroport, c’est la porte d’une ville. Une fois cette porte franchie, tout un univers s’offre aux visiteurs. Pour moi, l’aéroport Montréal-Trudeau, c’est un peu la porte de la Maison symphonique ! »

Kent Nagano est né à Berkeley, en Californie, en 1951. Il a fait ses premières armes au Boston Opera House en 1977. C’est à l’invitation de son prédécesseur à l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), Charles Dutoit, qu’il est venu pour la première fois à Montréal. « J’ai été immédiatement conquis par cette ville et son orchestre. Et aujourd’hui, même si j’habite toujours à San Francisco, venir à Montréal, c’est revenir à la maison. » Il occupe le poste prestigieux de directeur musical de l’OSM depuis septembre 2006.

Pour ce grand voyageur, la fréquence des vols ne peut que multiplier les occasions de vivre des anecdotes amusantes ou mémorables. « Je possède des valises un peu particulières, fabriquées par une petite entreprise qui conçoit des bagages sobres et pratiques, et qu’on ne retrouve pas souvent sur les carrousels à bagages. Un jour, je me rends au carrousel et je saisis deux grosses malles identiques aux miennes. Je rentre à l’hôtel et j’ouvre une première valise pour y trouver… des vêtements féminins ! Même chose dans la seconde. J’imagine que la surprise fut tout aussi grande pour la dame qui a ouvert ses valises pour y trouver des partitions de Beethoven. Quelle coïncidence ! »

BEATLEMANIA
À DORVAL!

C’était le 8 septembre 1964, un mardi. Le lendemain de la fête du Travail, jour de la rentrée des classes. Mais pour quelques milliers de jeunes gens – surtout des jeunes filles –, la rentrée attendra un jour de plus… Car c’est un mardi pas comme les autres à l’aéroport de Dorval qui allait expérimenter, cet après-midi-là, la Beatlemania dans toute sa frénésie !

À 14 h 24, quatre garçons descendent d’un avion en provenance de Toronto. Quelque 5 000 admirateurs bruyants et enthousiastes les attendent à l’aéroport, sous le regard attentif et vigilant de 120 officiers de la Gendarmerie royale du Canada.

Les admirateurs se pressent sur la galerie de l’aéroport qui surplombe la piste et offre une vue parfaite sur les quatre idoles arrivées à Montréal pour y présenter deux spectacles au Forum ce même jour de septembre 1964, à 16 h et à 20 h 30. Le prix des billets variait selon la section où étaient assis les spectateurs, allant de 4,50 $, sur les terrasses est et ouest, à 5,50 $ à l’orchestre. Au total, 21 000 spectateurs assisteront à ces concerts qui allaient marquer l’histoire.

Après la deuxième représentation, les Beatles ne se rendront pas à l’hôtel Reine Elizabeth, situé sur le boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque), pour y passer la nuit, contrairement à ce qui avait été prévu à l’horaire du groupe. Ils retourneront plutôt à l’aéroport de Dorval, autour de 23 h, pour prendre un vol vers la Floride, où ils doivent se produire trois jours plus tard, à Jacksonville. Sous une pluie torrentielle, 300 admirateurs acharnés feront leurs adieux aux Beatles qui ne reviendront jamais, en tant que groupe, à Montréal. Il faudra attendre encore cinq ans avant qu’un membre des Beatles ne foule le sol de l’aéroport. John Lennon débarquera de nouveau à Dorval le 26 mai 1969 pour ce qui deviendra le fameux bed-in pour la paix. Une arrivée plus discrète alors que, vers 21 h, Lennon et sa femme Yoko Ono passent furtivement devant les centaines de curieux qui avaient été informés de leur venue.

À peine quelques mois plus tard, les Beatles se sépareront et la Beatlemania ne sera plus qu’un souvenir, mais un souvenir puissant pour les 5 000 admirateurs qui avaient fait l’école buissonnière en ce jour de la rentrée 1964.

CHUCK COMEAU

BATTEUR DE SIMPLE PLAN

« La première fois que les gens sont venus nous accueillir à l’aéroport, nous avons vécu ce que les Beatles ont dû ressentir à leur arrivée à Montréal en 1964. »

Les foules en délire qui accueillent leurs idoles aux aéroports, ce n’est pas qu’un phénomène du passé. Encore aujourd’hui, les admirateurs se pressent aux arrivées de Montréal-Trudeau pour y attendre les vedettes. Le groupe montréalais de réputation internationale Simple Plan connaît bien ce rituel. « La première fois que les gens sont venus nous accueillir à l’aéroport, nous avons vécu ce que les Beatles ont dû ressentir à leur arrivée à Montréal en 1964, raconte Chuck Comeau, le batteur du groupe. Et comme nous venons d’ici, nous sommes presque devenus des amis pour certains admirateurs québécois. Les plus fidèles d’entre eux nous demandent maintenant ce qu’on a fait de bon pendant le week-end ! Nous les connaissons par leurs noms et eux nous demandent ce qui se passe dans nos vies. Ce n’est plus la même relation qu’à l’époque des Beatles, où il y avait vraiment une distance entre les artistes et le public. »

Cette intimité entre l’admirateur et l’artiste, Simple Plan la cultive, tout comme la familiarité réconfortante avec les professionnels de Montréal-Trudeau. « Nous sommes allés des centaines de fois à l’aéroport. Nous avons pris tellement de vols que les membres du personnel de la sécurité nous reconnaissent. Ils nous disent : ‘‘Vous êtes encore là ?’’ ou bien ‘‘Ça faisait un bout de temps que vous n’étiez pas venus !’’ Nous avons assurément passé beaucoup de temps à l’aéroport de Montréal, surtout entre 2002 et 2009. À nos débuts, nous étions en tournée 300 jours par année. Nous venions faire notre lessive chez nos parents, puis nous repartions la journée suivante. Alors Montréal-Trudeau, c’était vraiment notre chez-nous. »

Ce qui ne rend pas l’expérience banale pour autant. « C’est encore excitant. C’est sûr qu’à nos débuts, tout était nouveau. À l’époque, nous n’avions pas encore fondé de famille. Nous partions à l’aventure et nous ne savions pas à quoi nous attendre. Encore aujourd’hui, je ressens une certaine excitation quand vient le temps de partir. Chaque fois que nous allons quelque part, c’est pour vivre notre rêve. Quand nous partons vers une ville inconnue, c’est encore plus palpitant. »

Et revenir à Montréal, c’est le confort, les retrouvailles avec les admirateurs de la première heure. « C’est sûr qu’il y a toujours des admirateurs qui nous accueillent à Montréal-Trudeau, mais pas des centaines. Nous venons tellement souvent à l’aéroport que les gens y passeraient leur vie s’ils étaient là chaque fois ! Quand nous arrivons dans certains pays et que le comité d’accueil est plus restreint, nous nous demandons si notre popularité est en baisse, mais pas ici. Parce qu’ici, c’est chez nous ! »

EXPO 67


Printemps 1967, l’année de l’Expo : Montréal s’ouvre sur le monde. Du 27 avril au 29 octobre, l’Exposition universelle prévoyait accueillir plus de 50 millions de visiteurs, plusieurs provenant de l’étranger, dont une majorité des États-Unis.

Cet achalandage historique allait exiger le remaniement des installations transfrontalières de l’aéroport de Dorval afin d’accueillir la foule de visiteurs américains. Mais l’agrandissement des infrastructures réalisé en 1960 avait déjà fait de Dorval un aéroport de calibre international.

Les années 60 sont fastes pour l’industrie aéroportuaire. Les voyageurs sont plus nombreux, les vols plus fréquents. À Dorval, on enregistre une hausse du trafic passager d’environ 20 % par année. Dès 1965, c’est plus de quatre millions de voyageurs qui le fréquentent. En 1967, l’aéroport devient la porte du monde, et on prévoit alors qu’un million de voyageurs de plus vont y transiter à l’occasion de l’Exposition universelle.

L’Exposition universelle de Montréal, le nom officiel de l’Expo 67, est aujourd’hui considérée comme l’un des événement du genre les plus réussis du 20e siècle. Elle permettra à Montréal – et au Québec – de s’ouvrir sur le monde et de plonger dans la modernité. L’aéroport de Dorval devait se montrer à la hauteur !

Dorval n’aura aucun mal à répondre à la demande, puisqu’en 1960 avait été inaugurée la nouvelle aérogare, plus vaste et plus moderne, conçue pour recevoir jusqu’à 10 millions de voyageurs par an. Dix-huit compagnies aériennes desservent alors l’aéroport, qui est devenu un modèle grâce à ses services techniques à la fine pointe de la technologie de l’époque.

D’avril à octobre 1967, pas moins de 53 chefs d’État ont foulé le sol de l’Exposition universelle et de l’aéroport de Dorval, dont la reine Elizabeth II, le président américain Lyndon B. Johnson, l’empereur Sélassié d’Éthiopie ainsi que le roi Constantin et la reine Anne-Marie de Grèce. Lors de sa visite de l’Expo 67, le président de la France, Charles de Gaulle, fut quant à lui accueilli à Québec par le premier ministre de la province, Daniel Johnson. Il sera ensuite escorté jusqu’à Montréal, pour une visite qui marquera l’histoire. Le 24 juillet 1967, depuis le balcon de l’hôtel de ville de Montréal, de Gaulle lancera son célèbre « Vive le Québec libre ! ». Sa visite prévue à Ottawa sera annulée et de Gaulle s’envolera vers la France dans le DC-8 présidentiel qui décollera de Dorval le 26 juillet, à 16 h 22.

L’Expo 67, ce fut aussi 120 pays et États répartis dans 60 pavillons. Mais ce fut surtout la naissance de Montréal, ville internationale, désormais en mesure d’accueillir un flot toujours croissant de visiteurs.

PIERRE JEANNIOT

DIRECTEUR GÉNÉRAL ÉMÉRITE DE L'IATA

« Le fait d’avoir rendu les aéroports responsables de leur propre développement, d’en avoir fait des corporations, a largement contribué à l’évolution de Montréal-Trudeau. Ses dirigeants ont alors été en mesure de prendre les choses en main et de créer un aéroport dont on peut être fiers. »


Pierre Jeanniot est une sommité dans le monde de l’aviation. Président-directeur général d’Air Canada de 1984 à 1990, puis de l’Association du transport aérien international (IATA) de 1993 à 2002, il est aussi reconnu comme le père de la boîte noire, telle qu’on la connaît aujourd’hui. « L’élément déclencheur a été l’accident survenu à Sainte-Thérèse, alors qu’un avion de Trans-Canada s’était écrasé quatre minutes après le décollage, coûtant la vie à 118 passagers et membres d’équipage. C’était en 1963 et bien qu’une boîte noire rudimentaire ait été présente dans l’appareil, elle a été détruite lors de l’écrasement et la cause de l’accident n’a jamais pu être déterminée. À ce moment-là, je travaillais à concevoir un système d’enregistrement des données de vol qui devait servir à l’entretien préventif. J’ai alors eu l’idée de l’utiliser pour analyser les accidents et de le mettre dans un contenant qui pourrait résister aux impacts. »

C’est ainsi que s’amorçait la carrière d’un passionné d’aviation qui aura marqué l’industrie à plus d’un égard, entre autres en orchestrant la privatisation d’Air Canada en 1988. « Évidemment, passer d’une société d’État à une compagnie totalement privée était un changement important. Il a fallu revoir les méthodes de travail, modifier la flotte et changer les structures de financement. Il y a eu beaucoup de tumulte, mais nous y sommes parvenus. La compagnie s’en est bien sortie. Elle a prospéré par la suite. »

Un autre défi de taille attendait Pierre Jeanniot, nommé président-directeur général de l’IATA en 1993. « Je pense que le défi le plus important, c’était de changer les mentalités. L’IATA était une entreprise internationale. La bureaucratie y était lourde ! Je voulais instaurer une approche client, notamment en considérant nos partenaires comme des clients plutôt que des membres. Il y a aussi la question de la sécurité aérienne qui devait s’améliorer considérablement. Le taux d’accident a chuté de 50 % durant les 10 ans où j’ai dirigé l’IATA. Puis, d’autres préoccupations ont émergé. À l’époque, l’Asie était en pleine expansion et l’IATA n’était pas vraiment présente dans ce coin du monde. J’ai ouvert un bureau en Chine, qui est aujourd’hui un bureau très important de l’IATA. Il a fallu créer des services pour répondre aux besoins spécifiques de la Chine. »

En cette année d’anniversaire pour Montréal-Trudeau, Pierre Jeanniot trace un bilan inspiré de son histoire. « Le fait d’avoir rendu les aéroports responsables de leur propre développement, d’en avoir fait des corporations, a largement contribué à l’évolution de Montréal-Trudeau. Ses dirigeants ont été en mesure de prendre les choses en main et de créer un aéroport dont on peut être fiers. C’est très intéressant de voir que le nombre de vols internationaux et l’achalandage augmentent. L’aéroport fait un excellent travail. »

LA SÉRIE DU SIÈCLE

« Nous sommes venus pour apprendre », disaient les Soviétiques. Confrontée pour la première fois aux joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), l’équipe nationale de l’URSS a tout de même donné des sueurs froides aux Canadiens, qui ont finalement remporté cette Série du siècle lors de la huitième et dernière partie présentée à Moscou. Malgré une victoire difficile, les partisans ont accueilli les joueurs de la LHN en véritables héros à leur retour à l’aéroport de Dorval, le 1er octobre 1972.


Le 2 septembre 1972, Équipe Canada, composée des meilleurs joueurs de la LNH, entreprenait une série très attendue contre l’équipe nationale de l’Union soviétique, la meilleure formation « amateur » de l’époque. Amateur prenait ici un drôle de sens. Comme les joueurs professionnels n’étaient alors pas admis aux Jeux olympiques, les joueurs soviétiques occupaient tous des emplois symboliques mais ils étaient, dans les faits, des professionnels du hockey. Les quatre premières parties ont été présentées à Montréal, Toronto, Winnipeg et Vancouver.

Pour la première fois, les joueurs de la LNH affrontaient leurs vis-à-vis soviétiques. Et si le pari semblait gagné d’avance, les Canadiens n’ont pas eu la tâche facile. L’honneur a toutefois été sauf et Équipe Canada, qui comptait entre autres dans ses rangs Ken Dryden, Serge Savard, Bobby Clarke, Phil Esposito et Yvan Cournoyer, a remporté la série à l’issue de la partie décisive, disputée le 28 septembre à Moscou.

Quelque 1 750 amateurs de hockey canadiens s’étaient même rendus en Union soviétique pour assister aux quatre parties qui y ont été présentées dans le cadre d’une excursion organisée par Air Canada. Le pays tout entier était en liesse lors de la victoire spectaculaire de l’équipe nationale, grâce au but de Paul Henderson avec 34 secondes à jouer au huitième et dernier affrontement.

De retour en sol québécois, les athlètes ont été accueillis par une horde de partisans, de journalistes et de politiciens, dont le premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Entre 20 000 et 30 000 personnes étaient venues à l’aéroport spécifiquement pour y apercevoir les joueurs. Et le public n’allait pas être déçu, puisque l’équipe a littéralement paradé autour de l’aérogare sur un camion d’incendie.

Malgré l’accueil royal que leur avaient réservé leurs admirateurs, les meilleurs joueurs au pays ont dû faire preuve de modestie. La victoire écrasante en cinq parties qu’avaient prévue les journalistes sportifs ne s’était pas concrétisée.

JEAN-LUC BRASSARD

MÉDAILLÉ D'OR EN SKI DE BOSSES, 1994

« J’aime beaucoup la logistique, j’aime quand tout fonctionne. L’évolution de la gestion des bagages, l’automatisation, les changements : Montréal-Trudeau, c’est un aéroport en constante évolution. Il semble qu’on ne cesse jamais de l’améliorer. »

Montréal-Trudeau a accueilli son lot d’athlètes en 75 ans d’activité. En 1994, c’était au tour d’un jeune skieur de 21 ans d’être ébloui par les mesures déployées pour recevoir l’équipe canadienne de ski acrobatique au retour des Jeux olympiques de Lillehammer. « À l’atterrissage, les agentes de bord étaient venues nous demander de rester assis et de ne pas sortir avec tout le monde, se remémore Jean-Luc Brassard. Puis, on était venu nous chercher. Nous sommes sortis tous ensemble pour nous rendre à l’espace qui nous était réservé. Il y avait une foule avec des pancartes. Tous ces gens nous accueillaient, c’en était presque gênant. C’était un grand élan d’amour à notre endroit. »

Une telle dose d’amour a de quoi impressionner. « Nous étions accompagnés par des agents de sécurité, c’était vraiment bien organisé. Ça m’avait surpris, nous n’étions pas laissés à nous-mêmes dans toute cette aventure. L’endroit était bien délimité, tout était structuré. Les gens avaient accès à nous sans pouvoir nous approcher de trop près. On nous avait offert une collation et de l’eau avant que nous franchissions les douanes, après notre long voyage de retour. J’avais trouvé ça fantastique. »

Même s’il a pris sa retraite du sport en 2002, Jean-Luc Brassard est toujours un voyageur passionné. Animateur du magazine techno Comment c’est fait ?, il est aussi curieux de nature. « J’aime beaucoup la logistique, j’aime quand tout fonctionne. L’évolution de la gestion des bagages, l’automatisation, les changements : Montréal-Trudeau, c’est un aéroport en constante évolution. Il semble qu’on ne cesse jamais de l’améliorer. » Mais outre la logistique bien huilée, ce que le sympathique voyageur retient de Montréal-Trudeau, c’est le contact humain. « Les employés qui travaillent à l’aéroport sont tout à fait à l’image des Québécois. Ils sont gentils, professionnels, respectueux et décontractés. »

L’ex-athlète avoue candidement apprécier l’anonymat que la retraite lui a permis de retrouver. « Quand je circule dans l’aéroport, il arrive cependant que je me sente observé du coin de l’œil. Ce qui est amusant, c’est que les gens reconnaissent mon visage mais, dans bien des cas, ils ne se souviennent pas de mon nom. »

Cela lui permet d’observer les voyageurs à son tour. « Encore aujourd’hui, je passe beaucoup de temps dans les aéroports et j’y croise des milliers de gens. Il est toujours aussi fascinant de constater que c’est un endroit si chargé en émotion, même si l’avion est devenu un moyen de transport plus courant qu’avant. Quand les gens se séparent ou qu’ils se revoient, on peut sentir l’excitation, et ça, personne ne peut y être indifférent. »

JEAN LEMIRE

EXPLORATEUR
ET CINÉASTE



« Quand je prends l’avion pour partir en expédition, je ne m’attarde pas vraiment aux départs, qui sont parfois pénibles, mais plutôt aux arrivées, toujours fantastiques ! Chaque fois que je reviens, il y a un petit bonhomme qui court dans l’aéroport et qui me saute dans les bras. Ce sont de beaux souvenirs. »

Un explorateur, ça voyage beaucoup ! Et ça ne voyage pas léger. « Nous partons toute l’équipe de tournage ensemble, raconte l’explorateur. Il y a une foule de détails administratifs à régler avant d’embarquer. Nous avons un carnet qu’il faut présenter à la douane et qui explique tout ce que nous devons transporter. Si on compare les services administratifs et les douanes de Montréal-Trudeau à ceux des autres aérogares internationales, c’est toujours plus facile ici ! Et puis, nous transportons des tonnes de bagages, plusieurs de taille surdimensionnée. C’est la partie la plus pénible des voyages, et ce, où que nous soyons. 

« Les trois dernières années, j’ai tourné les épisodes de l’émission 1000 jours pour la planète. Je devais me rendre vers des destinations souvent isolées et difficiles d’accès ; c’était de grandes aventures. Revenir à l’aéroport, pour moi, c’est comme revenir à la maison. Puisque nous avons toujours énormément de bagages, nous sommes toujours parmi les derniers à traverser côté ville. Chaque fois que j’arrive, il y a mon petit Loïc qui crie : ‘‘Papa !’’, et qui court pour me sauter dans les bras. Ce sont de beaux souvenirs. »

L’aéroport Montréal-Trudeau est en effet une source intarissable de souvenirs heureux pour l’explorateur. « Ce sont les Montréalais qui font que la métropole est si fantastique, si accueillante. C’est tout aussi vrai pour l’aéroport Montréal-Trudeau. Montréal a une facture, quelque chose qui la distingue sur la scène internationale et qui se reflète à l’aéroport. Il y a un petit je-ne-sais-quoi qui fait en sorte qu’on se sent tout de suite bien quand on y arrive. Dans les grands aéroports, on a l’impression que ce n’est qu’une étape de plus à franchir, un passage obligé. On n’a pas le sentiment d’être dans la ville, c’est souvent très froid. Tous les services sont là, mais on fait partie de la masse. À Montréal, il y a quelque chose de particulier, de différent. Que ce soit aux départs ou aux arrivées, il y a plus d’émotion. C’est attribuable aux gens qui y travaillent et qui nous accueillent. Puisqu’on vit ici, on a assurément un sentiment d’appartenance qu’on ne trouve pas dans d’autres grands aéroports du monde, mais je suis convaincu que les étrangers apprécient aussi cette qualité d’accueil. De plus, l’équipe est d’une redoutable efficacité. Il y a des aéroports où règne une grande désorganisation, mais ici, tout fonctionne rondement. Et croyez-moi, des aéroports, j’en ai vus ! »

OPÉRATIONS
HUMANITAIRES

L’Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal est une porte d’entrée utilisée principalement par les voyageurs d’agrément et d’affaires, mais il arrive aussi qu’il accueille d’autres types de voyageurs – immigrants, demandeurs du statut de réfugié, réfugiés, rapatriés. Parfois, il est appelé à jouer un rôle crucial lors d’opérations humanitaires de grande envergure.

Deux exemples viennent à l’esprit : le rapatriement de ressortissants canadiens après le terrible tremblement de terre qui a dévasté Haïti en janvier 2010 et, plus récemment, l’accueil de 11 000 réfugiés syriens coincés depuis des années dans des camps de fortune établis dans divers pays du Moyen-Orient.

Tous se souviennent de ce tremblement de terre de magnitude 7 qui frappait Haïti le 12 janvier 2010, à 16 h 53, faisant plus de 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abri. Dans les semaines qui ont suivi cette catastrophe, quelque 4 000 personnes ont été rapatriées au Canada à bord de 46 vols dirigés vers Montréal-Trudeau. Parmi elles, 126 orphelins qui venaient à la rencontre de leur nouvelle famille. Ces enfants et leurs parents ont pu être réunis rapidement, car les dossiers d’adoption avaient été ouverts avant le séisme et en étaient à la phase finale d’approbation par les autorités haïtiennes.

L’urgence d’agir avait été promptement reconnue par le gouvernement du Canada qui a autorisé le départ de ces enfants vers le Canada. De même, les autorités n’ont pas tardé à désigner Montréal-Trudeau comme porte d’entrée pour les vols de rapatriement des ressortissants canadiens. Il a fallu faire vite pour être en mesure d’accueillir dignement tous ces gens pris au dépourvu par le séisme. Deux portes d’embarquement de l’aéroquai, une installation située en retrait de l’aérogare proprement dite, ont ainsi été affectées à cette opération spéciale à laquelle ont participé une quarantaine d’employés d’Aéroports de Montréal et d’agences gouvernementales. Une structure d’accueil rapide et efficace a permis d’acheminer les nouveaux arrivants au siège de l’Organisation de la sécurité civile du Québec, chargée de fournir les services humanitaires appropriés. Les blessés, quant à eux, ont été transportés par ambulance vers des centres hospitaliers dès leur arrivée au pays.

Cette opération humanitaire exceptionnelle a révélé l’efficacité et le dévouement des équipes de Montréal-Trudeau qui ont effectué des quarts de travail de 24 heures afin d’assurer un service impeccable aux ressortissants. Ce fut une expérience humaine marquante dont tous les acteurs se souviendront longtemps.

Quelque cinq ans plus tard, les équipes de Montréal-Trudeau étaient de nouveau appelées à intervenir dans le cadre d’une autre opération humanitaire d’envergure déclenchée par le gouvernement du Canada. Cette fois, ce sont 11 000 réfugiés syriens qui sont arrivés à Montréal-Trudeau à bord d’une quarantaine de vols provenant de la Turquie, de la Jordanie ou du Liban.

Lorsque le premier vol s’est posé, le 12 décembre 2015, Montréal-Trudeau était fin prêt. En quelques semaines, tout avait été mis en place, conjointement avec les services gouvernementaux, pour accueillir les réfugiés syriens de la manière la plus efficace, sécuritaire et humaine possible.

À leur sortie de l’avion, les réfugiés ont été amenés par transbordeur au centre de traitement établi dans l’aéroquai.

Des représentants des divers services gouvernementaux, assistés de membres de la Sûreté aéroportuaire, de traducteurs et de bénévoles, les y attendaient pour les procédures réglementaires. Des premiers répondants du Service d’incendie et des techniciens ambulanciers d’Urgences-santé étaient également sur les lieux. Une fois les formalités accomplies, des autobus ont transporté les réfugiés au centre de bienvenue du gouvernement canadien.

Cette opération a eu un effet mobilisateur incroyable. Tout le monde était fier d’y collaborer.

DANIÈLE HENKEL

FEMME D'AFFAIRES

« Chaque fois que la porte s’ouvrait pour laisser sortir des passagers, je me hissais sur la pointe des pieds pour voir si ma famille arrivait. Les larmes coulaient toutes seules. J’en parle et ça remonte encore, je ressens toujours l’émotion. »

Si, pour plusieurs, Danièle Henkel est la « dragonne » de l’émission Dans l’œil du dragon, diffusée à ICI Radio-Canada Télé, elle est d’abord et surtout une femme d’affaires prospère. Et une grande voyageuse. « Montréal-Trudeau, pour moi, c’est d’abord les gens. Ils sont humains et ouverts à trouver des solutions. Je me souviens de la fois où j’avais manqué un vol qui ne décolle que tous les trois jours. Des gens extraordinaires se sont employés à me rediriger vers une liaison qui m’a permis de me rendre à destination. »

Habituée à voyager, Danièle Henkel n’en est pas moins une voyageuse… angoissée. « Chaque fois que je prends l’avion, et je le prends souvent, je me remets entre les mains de Dieu. Je me dis que je dois m’habituer, que c’est comme ça. C’est difficile, car toute ma vie j’ai voulu être libre, libre de ce que je fais dans le respect de mon environnement. Je ne veux pas qu’on m’impose des choses. Je veux garder le contrôle. L’avion est le seul endroit où je n’ai pas le choix de me soumettre ! Alors j’apprécie d’autant plus l’attitude humaine et compréhensive du personnel de l’aéroport. »

Il faut dire que les aéroports prennent une signification toute particulière pour Danièle Henkel, puisqu’ils symbolisent la nouvelle vie qu’elle est venue s’offrir au Canada. La femme d’affaires est arrivée au Québec il y a 25 ans pour fuir la montée de l’intégrisme en Algérie. « Quand je suis arrivée, j’étais avec mon aînée, ma grande fille, ainsi qu’avec mon conjoint de l’époque. Mes trois autres enfants et ma mère ne sont arrivés que six mois plus tard. Quand je suis allée les chercher, j’étais dans tous mes états. Et là encore, les gens ont fait preuve d’une telle bonté à mon égard ! Chaque fois que la porte s’ouvrait pour laisser sortir des passagers, je me hissais sur la pointe des pieds pour voir si ma famille arrivait. Les larmes coulaient toutes seules. J’en parle et ça remonte encore, je ressens toujours l’émotion. La porte s’ouvre et je vois deux douaniers qui arrivent. Ma mère était là, dans son fauteuil roulant, avec mes trois enfants. J’étais à genoux, par terre, et je les voyais venir vers moi. C’était un moment exceptionnel. Il y avait les policiers et le personnel des douanes, même les gens autour de nous pleuraient. Je n’ai jamais oublié le soutien que j’ai ressenti. »

Ses passages à l’aéroport ne sont pas tous aussi chargés d’émotion, mais quand elle voyage, par affaires ou pour le plaisir, Danièle Henkel est toujours fière de son aéroport. « J’ai vu l’aéroport s’améliorer au fil des années. Je trouve qu’aujourd’hui, on a un aéroport international digne de ce nom. On n’a absolument rien à envier aux autres aéroports du monde. »

KIM THÚY

ÉCRIVAINE



« En temps normal, j’écris dans le silence le plus total, sans même écouter de musique. Pourtant, j’adore écrire à l’aéroport. Il y a tellement de bruits qu’on ne les entend plus. Ça devient une rumeur sourde et ça m’inspire. »

Écrivaine appréciée du public, Kim Thúy est une grande voyageuse. En fait, elle voyage si souvent que les effusions au moment du départ, très peu pour elle ! « Je ne veux pas passer pour une personne froide, mais j’avoue ne pas être très démonstrative à l’aéroport, admet-elle. Il y a quelques années, je devais partir pour une affectation de plusieurs mois au Vietnam. Mes frères et mon chum de l’époque, aujourd’hui mon mari, étaient venus me reconduire. On n’exprimait pas trop nos émotions. Je me souviens même que mon mari nous avait poussés, mes frères et moi, pour qu’on se donne un câlin au moment des au revoir ! »

L’écrivaine avoue connaître Montréal-Trudeau comme le fond de sa poche. « Un jour, alors que je faisais imprimer mon billet, une employée m’a reconnue. C’est là que je me suis rendu compte que je fréquentais souvent Montréal-Trudeau ! J’ai même tissé des liens avec l’homme qui tient la librairie de l’aéroport tellement je la fréquente. Même lorsque je n’ai pas à aller à la librairie, je passe pour le saluer et pour discuter. Je profite de l’occasion pour autographier quelques exemplaires de mes livres qui y sont en vente. J’ai même invité le libraire et quelques-uns de ses clients au lancement de mon deuxième livre, À toi. Je fréquente toujours cette librairie située devant la porte 57 ! »

Se sentir à l’aéroport comme à la maison, c’est un sentiment que Kim Thúy cultive. « J’adore le moment d’attente qui précède le vol ; quand j’arrive trop tard, je suis triste. J’en profite pour répondre à mes courriels. C’est un moment de répit. Quand je suis rendue là, je ne vis plus que pour moi. Je n’ai plus aucune responsabilité envers personne. J’ai l’impression qu’une fois là, il n’y a plus rien à faire, tout est hors de mon contrôle. C’est un moment de paix avec moi-même. »

Et l’occasion de créer, même dans un contexte qui est inhabituel pour l’auteure. « En temps normal, j’écris dans le silence le plus total, sans même écouter de musique. Pourtant, j’adore écrire à l’aéroport. Il y a tellement de bruits qu’on ne les entend plus. Ça devient une rumeur sourde et ça m’inspire. »

GRAND PRIX
DE FORMULE 1
DU CANADA



Certains événements marquent l’histoire de l’aéroport année après année. C’est le cas du Grand Prix de Formule 1 du Canada, qui insuffle une effervescence formidable à la ville et à son aérogare. Du mercredi qui précède l’événement au mardi qui suit, l’achalandage grimpe de manière remarquable, atteignant de 50 000 à 60 000 passagers par jour.

Cet événement représente pour Montréal-Trudeau l’une des périodes les plus occupées et, par conséquent, un stimulant défi de logistique. Le Grand Prix de Formule 1 du Canada, c’est le glamour à l’état pur ! C’est aussi l’arrivée d’une véritable marée humaine à l’aéroport Montréal-Trudeau. Si près de la moitié des spectateurs qui assistent à cette course prestigieuse sont québécois, le quart des partisans viennent des États-Unis, 20 % du reste du Canada et 10 % d’ailleurs dans le monde. On estime que l’événement générerait entre 70 et 90 millions de dollars en retombées économiques pour Montréal.

Il va sans dire que les jours qui précèdent l’événement sont très importants pour l’aéroport, par où transite une grande proportion des visiteurs.

La fièvre de la F1 a gagné Montréal en 1978 et s’est cristallisée cette même année avec la victoire de nul autre que Gilles Villeneuve. Montréal devenait alors un pôle international de la F1, le seul en Amérique du Nord. L’aéroport de Dorval était déjà la principale porte d’entrée pour les visiteurs et les participants à la F1 alors que les voitures de course ont toujours transité par l’aéroport de Mirabel.

De nouvelles bornes libre-service conçues pour faciliter et accélérer les formalités douanières à l’arrivée au Canada ont été installées en 2012, à quelques jours du Grand Prix de Formule 1. Les partisans ont ainsi accès plus rapidement aux célébrations.

PAUL HOUDE

ANIMATEUR

« C’était le 10 mai 1982. Le cercueil de Gilles Villeneuve revenait au Québec. L’heure était au recueillement et malgré le bruit ambiant de l’aéroport, les gens gardaient le silence. On a appris que les funérailles allaient se tenir quelques jours plus tard à la petite église Sainte-Geneviève-de-Berthier, à Berthierville. Il y avait beaucoup d’émotion dans l’air. »

Paul Houde connaît tout des avions. C’est pour lui une passion qui dépasse largement le simple engouement. Depuis l’enfance, il apprend à identifier les appareils, jusqu’à reconnaître le son des moteurs ! Il va de soi que Montréal-Trudeau lui est très familier. Mais c’est un événement bien précis dans l’histoire de l’aéroport qui a marqué l’animateur. « Le lundi 10 mai 1982, un Boeing 707 des Forces armées canadiennes a ramené le cercueil de Gilles Villeneuve. L’avion s’était posé en début de soirée, vers 20 h. Il faisait plutôt froid à Montréal en ce début de mai. À bord de l’avion, Joann Villeneuve et ses deux enfants, Jacques, 10 ans, et Mélanie, 8 ans. Il y avait aussi le coureur automobile sud-africain Jody Scheckter et sa femme, des amis proches du couple Villeneuve. »

On se souviendra que Gilles Villeneuve avait perdu la vie lors d’un tragique accident survenu sur le circuit de Zolder, en Belgique, le 8 mai 1982. Pour Paul Houde, tout est dans les détails et sa mémoire phénoménale lui permet de relater l’événement d’une manière extrêmement précise. « Ce que je retiens, c’est que l’avion s’est immobilisé devant la porte 27, numéro de coureur de Gilles Villeneuve. Des employés de l’aéroport avaient formé un demi-cercle d’honneur avec une soixantaine de véhicules dont les gyrophares étaient en fonction. Le journaliste Christian Tortora, qui se trouvait à bord de l’avion, fut la seule personne à s’adresser brièvement aux médias. Joann Villeneuve et ses enfants ont ensuite pris place dans un hélicoptère qui a décollé vers une destination inconnue. »

L’animateur se remémore l’ambiance très respectueuse qui régnait dans l’aéroport, malgré le brouhaha habituel. « L’heure était au recueillement et malgré le bruit ambiant de l’aéroport, les gens gardaient le silence. On a appris que les funérailles allaient se tenir quelques jours plus tard à la petite église Sainte-Geneviève-de-Berthier, à Berthierville. Il y avait beaucoup d’émotion dans l’air. » Le fils chéri rentrait à la maison.

Gilles Villeneuve allait rester présent dans la mémoire des Québécois, d’abord à travers son fils Jacques, qui deviendra champion du monde de Formule 1 en 1997, mais aussi grâce au circuit de l’île Notre-Dame, rebaptisé circuit Gilles-Villeneuve. D’ailleurs, le Grand Prix du Canada continue d’être l’un des événements qui marquent l’histoire de Montréal-Trudeau année après année, alors que l’achalandage augmente remarquablement dans les jours qui le précèdent. « Bien que le retour au pays de Gilles Villeneuve ait été pour moi l'événement le plus marquant, j’aurais pu en citer plusieurs autres. Je ne me lasse pas de passer du temps à l’aéroport, à regarder les avions. C’est l’une de mes plus grandes passions. »

11 SEPTEMBRE 2001



New York, 11 septembre 2001, 8 h 46. Un Boeing 767 d’American Airlines percute la tour nord du World Trade Center. Dix-sept minutes plus tard, un second avion s’encastre dans la tour sud. Face à la menace, l’espace aérien sera fermé à 9 h 42, après l’écrasement d’un avion sur le Pentagone. Une page d’histoire venait d’être écrite. Il y aura un avant et un après 11 septembre.

Le monde de l’aviation ne sera plus jamais le même. En lançant les avions dont ils avaient pris le contrôle contre des cibles civiles et militaires, les terroristes d’Al-Qaïda ont forcé la transformation radicale des mesures de sécurité dans les aéroports du monde entier, dont Montréal-Trudeau.

D’autres attentats heureusement avortés, dont la tentative d’attentat à la chaussure piégée survenue, en décembre 2001, à bord du vol 63 d’American Airlines reliant Paris à Miami, ont également inspiré la mise en place de nouvelles mesures de sécurité, comme le contrôle des liquides et des gels et l’examen des chaussures.

Si les premiers mois qui ont suivi l’implantation de ces nouveaux protocoles de sécurité ont semblé pénibles à certains voyageurs, les réflexes sont désormais acquis. Quinze ans plus tard, les comportements sont parfaitement intégrés et on ne s’étonne plus de devoir passer les contrôles de sécurité avant le décollage. On ne transporte plus de grandes quantités de liquides, on se soumet plus volontiers au scanner et on accepte de laisser l’agent de contrôle de sécurité examiner son portable.

La confiance des voyageurs a été durement regagnée. « J’ai pris l’avion la semaine qui a suivi le 11 septembre sans la moindre crainte, affirme James C. Cherry, président-directeur général d’Aéroports de Montréal. Plusieurs voyageurs ont cependant mis plus de temps à retrouver un sentiment de sécurité. En 2001, nous avons perdu 30 % des vols en Amérique du Nord. Les gens ne voulaient plus voyager en avion. Il faudra attendre 2004 pour que l’achalandage revienne à la normale. »

Mais plus personne ne voyage avec la même attitude qu’autrefois. « La sûreté demeurera toujours une priorité, conclut James C. Cherry. C’est pourquoi il faut trouver un équilibre entre le fait d’être le moins intrusif possible envers les voyageurs et le maintien d’une grande vigilance, ce qui peut être complexe. »

JAMES C. CHERRY

PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL,
AÉROPORTS DE MONTRÉAL



« La sécurité et les moyens de la garantir sont devenus la priorité numéro un depuis les événements de septembre 2001. Des investissements de plus de deux milliards de dollars ont servi à agrandir et à moderniser les installations ainsi qu’à accroître la protection des voyageurs. »

James C. Cherry était destiné à diriger Aéroports de Montréal. Ce passionné d’aviation parle avec enthousiasme de l’évolution et de l’avenir de Montréal-Trudeau, même si son arrivée à ce poste, en juin 2001, précédait de quelques mois à peine une crise historique dans le monde de l’aviation.

Où étiez-vous le 11 septembre 2001, à 8 h 46 ? James C. Cherry se souvient de ce moment comme si c’était hier. Il assistait, à Montréal, aux congrès du Conseil international des aéroports (Monde et Amérique du Nord), auxquels prenaient part 2 200 délégués de différents aéroports du globe ainsi que le ministre fédéral des Transports de l’époque, David Collenette. La rumeur a commencé à circuler parmi les participants : un petit avion avait frappé une des tours du World Trade Center, probablement un accident bête. Les organisateurs ont alors branché les écrans géants pour qu’ils diffusent CNN, et c’est là que les sommités du monde aéroportuaire ont vu une première tour s’écrouler et compris l’ampleur de l’événement. « À 10 h, tout l’espace aérien était fermé, il ne devait rouvrir que deux jours plus tard. Entre-temps, il fallait organiser le retour des administrateurs américains, en réservant des autobus et des voitures. Une logistique incroyable ! En arrivant à la maison ce soir-là, j’ai dit à ma femme et à mes filles : dans quelle galère est-ce que je viens d’embarquer ? Mais cet événement m’a rapidement appris que je pouvais faire confiance aux professionnels qui m’entouraient. Et ils m’ont vraiment impressionné par leur compétence et leur dévouement. » Cet événement devait changer à jamais la vision du gestionnaire pour son aéroport. « La sécurité et les moyens de la garantir sont devenus la priorité numéro un depuis les événements du 11 septembre 2001. »

James C. Cherry poursuit : « Nous nous sommes également dotés d’une plateforme d’accès aux marchés financiers qui nous permet notamment d’émettre des obligations à très long terme, sur 30 ans. Des investissements de plus de deux milliards de dollars ont servi à agrandir et à moderniser les installations ainsi qu’à accroître la protection des voyageurs. En fait, ces inves-tissements ont été l’occasion de repenser le design des aéroports modernes. Comme les gens ont pris l’habitude d’arriver tôt pour passer les contrôles de sécurité, il a fallu revoir la zone réglementée, puisque les voyageurs allaient y passer beaucoup plus de temps. Nous avons ajouté plus de restaurants et de boutiques au-delà des contrôles de sécurité. C’est la manière de voyager qui a changé. Les aéroports devaient s’adapter à cette nouvelle réalité. » Et c’est ce qui a été fait à Montréal-Trudeau.

Sous la gestion éclairée de James C. Cherry, Montréal-Trudeau a confirmé son rang parmi les grands aéroports internationaux. Au fil des ans, plus de 2,5 milliards de dollars de travaux ont été réalisés pour agrandir, moderniser et mettre à niveau les installations et faire de Montréal-Trudeau un aéroport de classe mondiale convivial et dont les Montréalais peuvent être fiers. Toujours à l’affût de nouveaux transporteurs et de nouvelles destinations, il est à la fois moderne, à la fine pointe, jeune et dynamique depuis 75 ans.

MONTRÉAL,
CAPITALE MONDIALE
DE L'AVIATION CIVILE

FANG LIU

OACI

Fang Liu, secrétaire générale de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), et Angela Gittens, directrice générale du Conseil international des aéroports (ACI), parlent de la position avantageuse qu’occupe Montréal sur l’échiquier mondial ainsi que des défis actuels et futurs de l’aviation civile.

ANGELA GITTENS

ACI

MAÎTRE-CHIEN

YANICK CHOQUETTE

« La qualité première d’un maître-chien, c’est d’être passionné par les chiens. On emmène l’animal à la maison ; il fait partie de la famille. Il est avec nous 24 heures par jour, sept jours par semaine, pratiquement toute l’année. Dans ce contexte, c’est important d’apprécier sa compagnie. »



À Montréal-Trudeau, la sécurité repose sur une technologie à la fine pointe. Mais pour identifier un bagage suspect, un outil plus traditionnel se révèle des plus efficaces : le chien de détection. Depuis 1999, une équipe de cinq maîtres-chiens sillonne l’aéroport. Yanick Choquette en est le formateur. « La qualité première d’un maître-chien, c’est d’être passionné par les chiens, explique-t-il. On emmène l’animal à la maison ; il fait partie de la famille. Il est avec nous 24 heures par jour, sept jours par semaine, pratiquement toute l’année. Dans ce contexte, c’est important d’apprécier sa compagnie. »

Ces chiens, des bergers allemands mâles, travaillent de trois à quatre heures par jour. Quand ses services ne sont pas requis, le chien est à l’entraînement. Mais lorsqu’arrive un appel, il doit être prêt à s’exécuter. « On peut recourir au maître-chien lorsqu’une valise ou un colis est localisé dans l’aéroport et qu’aucun passager n’y est associé. Si le propriétaire du colis n’est pas identifié après enquête et selon l’endroit où le colis se trouve, on pourra faire appel au chien pour déterminer s’il contient de la matière potentiellement explosive. » L’aéroport a aussi recours à d’autres races de chien pour effectuer diverses tâches, notamment le beagle pour la détection de produits alimentaires et le labrador, pour les stupéfiants.

Tous les chiens ont l’odorat développé et peuvent détecter la présence de certaines matières, mais les chiens de détection doivent posséder d’autres caractéristiques. « Les qualités premières sont l’instinct de chasse et un grand désir de jouer, mais il faut aussi que le chien soit sociable avec les humains et les animaux. Des milliers de gens transitent par l’aéroport, on ne veut donc pas que les chiens soient agressifs ou nerveux quand il faut circuler parmi les passagers.

« Par ailleurs, on recherche des chiens à l’aise dans tous les environnements et sur toutes les surfaces. Certains planchers peuvent être glissants, notamment les recouvrements en céramique et en terrazzo. Je ne peux pas travailler avec un chien qui craint ces surfaces, car il ne pourra pas se concentrer sur sa tâche. Sa sécurité sera sa principale préoccupation au détriment de son travail. Prenons l’exemple des escaliers dont on se sert pour monter à bord des avions, qui sont généralement à pic et faits de métal ajouré. Le chien doit pouvoir les emprunter. Il doit aussi être à l’aise dans les ascenseurs et dans les hauteurs. Les critères d’évaluation des chiens sont assez diversifiés. Il faut ajouter que les chiens de détection utilisés à l’aéroport Montréal-Trudeau sont issus de lignées de chiens de travail. Il me revient d’évaluer les candidats. En moyenne, seulement un chien sur trois ou quatre répond à nos critères. »

Votre sécurité à Montréal-Trudeau est donc entre les mains – ou plutôt les « pattes » – de cinq agents très spéciaux !

FAUCONNIER

PIERRE MOLINA

« Montréal étant une île, elle attire des espèces d’oiseaux qui peuvent présenter un risque pour la sécurité des aéronefs et de l’aéroport. Il s’agit souvent d’oiseaux aquatiques qui se tiennent en bandes, comme la bernache et le canard malard. »

La neige, les orages, le vent : le ciel propose son lot d’épreuves. Et c’est également du ciel qu’arrive ce qu’il convient d’appeler le péril aviaire. Afin de réduire les risques liés à la présence d’oiseaux sur les pistes, Montréal-Trudeau utilise les services de fauconniers et de quelques employés à plumes : trois buses de Harris et un faucon hybride gerfaut-pèlerin. « La collaboration entre Services environnementaux Faucon et l’aéroport de Dorval remonte à 1992, explique Pierre Molina. Il y avait un problème de goélands et on ne savait pas quoi faire. L’aéroport a appelé l’Université McGill pour trouver quelqu’un capable d’utiliser des oiseaux de proie pour effrayer les goélands et les autres oiseaux présents à l’aéroport, car ils constituent un véritable danger pour les avions. » Les oiseaux semblent affluer aux aéroports. « Montréal étant une île, elle attire des espèces d’oiseaux qui peuvent présenter un risque pour la sécurité des aéronefs et de l’aéroport. Il s’agit souvent d’oiseaux aquatiques qui se tiennent en bandes, comme la bernache et le canard malard. Ces oiseaux se sentent en sécurité sur l’eau et à proximité de l’eau, là où se trouvent plusieurs aéroports. »

Entrent alors en scène les faucons et les buses, pour qui ces oiseaux constituent des proies. « On utilise des buses de Harris, une espèce qui ne vit pas au Canada, mais dans le sud des États-Unis. Cette espèce se reproduit en captivité. C’est un oiseau de bas vol. Il va rester près du sol et essayer de capturer de petits oiseaux, des oiseaux perchés ou des mammifères. Nous utilisons aussi des faucons, qui volent à une altitude plus élevée, pour disperser les oiseaux de haut vol. »

« Nos oiseaux sont comme des athlètes. Tous les matins, on doit les peser pour voir s’ils sont à un poids de vol, c’est-à-dire à un poids qui les incitera à voler. Si un oiseau pèse 680 g le matin et que son poids de vol est de 650 g, il ne sera pas très motivé à voler, car il n’aura pas faim. »

La récompense de ces vaillants oiseaux ? « Pour s’assurer qu’ils reviennent toujours vers nous, on leur donne des cailles ou des poussins d’élevage. Il s’agit toujours de proies mortes, bien entendu. C’est une nourriture à laquelle ils sont habitués. Comme tout animal sauvage, nos oiseaux cherchent la simplicité, c’est-à-dire la façon la plus rapide de combler leurs besoins immédiats. » Un repas bien mérité pour ces travailleurs de Montréal-Trudeau à l’emploi inusité !

FAITS D'HIVER



Un climat aussi rigoureux que le nôtre représente un défi de taille pour Aéroports de Montréal (ADM). Chaque année, près de 10 000 avions doivent être dégivrés à Montréal-Trudeau, sans oublier les 250 km de pistes et d’aires de manœuvre qui doivent être déneigés après chaque tempête.

Un défi qu’ADM a relevé avec brio, au point de devenir la référence mondiale en matière de déneigement, ce qui a valu à Montréal-Trudeau de remporter le premier prix Balchen/Post dans la catégorie « Grands aéroports » en 2008.

Le centre de dégivrage de l’aéroport Montréal-Trudeau, qui peut traiter 48 avions à l’heure, utilise près de six millions de litres de produit dégivrant entre octobre et avril. Quant aux opérations de déneigement, c’est une moyenne annuelle de 2,2 m de neige qui doivent être retirés des pistes le plus rapidement possible. Les énormes souffleuses utilisées par ADM éliminent environ 5 000 tonnes de neige à l’heure. Il faut 25 minutes pour dégager une piste, ce qui permet de maintenir la fluidité des mouvements d’avions et d’éviter les retards.

Quant au dégivrage, assuré par la compagnie Aéro Mag depuis 1997, il consiste à vaporiser de l’éthylène glycol dilué en fonction des conditions météorologiques. L’éthylène glycol est ensuite récupéré, reconcentré à un degré de pureté de 99,5 % et réutilisé comme liquide de dégivrage. Toute l’eau nécessaire au processus est également filtrée et réutilisée. Montréal-Trudeau est le premier aéroport au monde à ramener le glycol à une telle concentration et à le réemployer comme produit certifié pour le dégivrage des aéronefs.

Ayant acquis une expertise unique, ADM est devenue la référence mondiale dans la gestion des solutions associées aux conditions hivernales. Au-delà de l’efficacité des technologies employées, Montréal-Trudeau sait affronter les intempéries en minimisant les impacts environnementaux de même que les coûts de déneigement et de dégivrage.

UNE EXPERTISE
RECONNUE MONDIALEMENT

« La gestion de la neige et du verglas constitue un défi colossal pour Montréal-Trudeau. L’expertise que nous avons acquise est reconnue mondialement. »

— Donald Desrosiers

L’entretien des pistes et des aires de manœuvre est une préoccupation de premier plan pour un aéroport nordique comme Montréal-Trudeau. De 50 à 60 fois pendant la période hivernale, l’équipe doit déneiger environ 250 km de pistes, soit l’équivalent de la distance qui sépare Montréal de Québec. Un défi relevé avec brio année après année, et qui fait la fierté de Donald Desrosiers, directeur Infrastructures aéroportuaires d’Aéroports de Montréal. « Nous devons chaque année traiter en moyenne 2,2 m de neige, explique-t-il. Il nous faut donc faire preuve de créativité. »

Cette créativité s’exprime par le travail de quelque 110 employés formés pour répondre à la demande, mais aussi par la conception d’outils performants pour transporter la neige. « Une partie de la neige est simplement soufflée vers les champs environnants. Mais quand cela n’est pas possible, la neige est acheminée vers un dépôt. Pour ce faire, nous nous sommes équipés d’immenses camions afin de transporter la neige soufflée. Construits sur mesure selon nos besoins, ces camions ont une capacité de chargement cinq fois supérieure à celle d’un camion de taille normale. Le ramassage de la neige se fait donc beaucoup plus rapidement et mobilise moins de personnel. »

Il faut en moyenne 25 minutes pour déneiger une piste. « On passe ensuite à la suivante, puis il faut refaire la première. C’est un travail constant pour garder les pistes dégagées et exemptes de contaminants. Il faut maintenir le rythme des décollages et des atterrissages, ce que nous parvenons à faire la majorité du temps. »

Le pire ennemi des déneigeurs de Montréal-Trudeau ? « La neige collante ! Ce mélange de neige et d’humidité est extrêmement difficile à retirer des pistes, car il est très compact. Et le verglas, bien entendu. Lorsque nous sommes en mesure de prévoir le coup, nous épandons un produit liquide sur les pistes, l’acétate de potassium, qui empêche le verglas de coller aux surfaces. Nous ne pouvons pas utiliser du sel de voirie, car il faut éviter les produits corrosifs qui pourraient endommager les appareils. C’est une opération très délicate. »

L’expertise d’Aéroports de Montréal en matière de déneigement a été sollicitée et exportée lors d’échanges avec d’autres aéroports internationaux susceptibles de connaître des conditions climatiques hivernales, comme l’aéroport de Beijing et celui de Heathrow, à Londres. « Nous sommes pour ainsi dire nés dans la neige, explique Donald Desrosiers. Nous connaissons à fond ces conditions climatiques et les techniques pour résoudre les problèmes plus rapidement et à moindres coûts. À titre d’exemple, nous déneigeons les espaces de stationnement des avions selon les horaires de vol, de sorte que nos ressources sont toujours au bon endroit au bon moment. Les aéroports tels que Beijing et Heathrow reçoivent moins de précipitations que nous et, par conséquent, leurs équipes n’ont pas l’habitude de traiter de telles situations, même en étant bien équipées. Tous les moyens d’améliorer leur rendement prennent alors une grande importance. »

À la prochaine tempête, ayez une pensée pour l’équipe de Montréal-Trudeau !

GRANDS VOYAGEURS



Pour le voyageur qui fréquente Montréal-Trudeau plusieurs fois par année, voire par semaine, l’aéroport devient un lieu de vie. Au cours de ses 75 ans d’existence, l’aéroport a toujours répondu aux attentes et aux besoins des voyageurs. Mais depuis quelques années, le paysage dans les zones internationale et transfrontalière s’est considérablement transformé, au grand bonheur des globe-trotteurs.

On y trouve notamment un spa, une variété de restaurants et des boutiques. Des œuvres d’art sont exposées dans différents secteurs de l’aérogare. Des vitrines situées dans la jetée internationale permettent par ailleurs à des musées montréalais de présenter leur mission, leurs collections et leurs expositions.

Les grands voyageurs apprécient particulièrement les salons VIP, dont le salon World MasterCard Banque Nationale. Ce dernier propose à tous ceux qui voyagent vers une destination internationale (à l’exception des États-Unis) de profiter d’un lieu particulièrement agréable pour relaxer et pour consommer des rafraîchissements et des bouchées à volonté à un coût fort raisonnable.

L’accès Wi-Fi gratuit partout dans l’aéroport permet également aux voyageurs de se divertir ou de travailler en attendant leur vol. L’accès Internet donne de plus accès à une bibliothèque numérique composée de 35 ouvrages québécois. Le premier chapitre de chaque livre peut être téléchargé, ce qui permet au lecteur de déterminer s’il souhaite l’emprunter sur le portail de Bibliothèque et Archives nationales du Québec ou l’acheter sur leslibraires.ca.

Bref, Montréal-Trudeau, c’est une ville dans la ville où l’on ne fait pas que passer. On y vit quelques heures, non pas en attendant l’avion, mais bien en amorçant l’aventure !

DENISE BOMBARDIER

JOURNALISTE, ROMANCIÈRE ET ESSAYISTE



« À la fin de mon adolescence, j’ai fréquenté un Anglais de passage au Québec. Lorsqu’il est reparti chez lui, j’ai tellement pleuré ! Je suis convaincue que le terrazzo de l’aéroport est encore imprégné de mes larmes. »

Denise Bombardier ne s’en cache pas : elle aime voyager en avion. « Je déteste le train. Je le prends par défaut quand je me trouve en Europe, mais ce que je préfère, c’est l’avion. On me demande parfois si voyager me stresse. Ce qui me stresse, c’est de ne pas partir. S’il n’en tenait qu’à moi, je serais toujours en transit ! »

L’histoire d’amour de Denise Bombardier avec les avions ne date pas d’hier. « Comme mon père travaillait chez Air Canada, nous nous rendions souvent à l’aéroport, ne serait-ce que pour voir décoller les avions. Les familles des employés pouvaient même, à l’occasion, faire des tours d’avion pour 5 $ ! La première fois que j’ai vraiment voyagé, j’avais 9 ans. Air Canada nous avait donné des billets et nous nous étions rendus à New York. J’étais tellement excitée ! C’est là que j’ai eu la piqûre. »

C’est aussi à cette époque que le goût de voyager sans souci s’est développé chez la jeune Denise Bombardier. « Maintenant, je voyage toujours en classe affaires. Quand j’étais jeune, comme nous voyagions gratuitement, nous risquions à tout moment d’avoir à céder nos sièges à des clients. Je pense que cela m’a marquée, je ne veux plus jamais que cela se produise ! » L’aéroport Montréal-Trudeau est aussi associé à un souvenir marquant. « À la fin de mon adolescence, j’ai fréquenté un Anglais de passage au Québec. Lorsqu’il est reparti chez lui, j’ai tellement pleuré ! Je suis convaincue que le terrazzo de l’aéroport est encore imprégné de mes larmes. »

L’aéroport est un endroit qui regorge d’histoires qui la fascinent. « De nos jours, on voit moins souvent des gens pleurer dans la zone des départs. À une certaine époque, avant Internet, quand des personnes se quittaient, il se pouvait qu’elles ne se voient plus pendant des années ! Dès que j’aperçois des gens verser des larmes au moment de se dire au revoir, je me mets à pleurer à mon tour, cela me bouleverse. Je suis très sensible à ces situations, car le départ, c’est l’arrachement. »

Certaines histoires sont cependant plus amusantes. « Un jour, alors qu’il y avait des travaux à l’aéroport, on devait parcourir un réseau de tunnels pour se rendre à l’avion. Une fois à bord, un homme s’assoit à côté de moi. On décolle, puis l’agent de bord annonce que nous allons atterrir à Vancouver dans un peu plus de cinq heures. Le monsieur devient tout blême. Il me dit que sa femme n’allait jamais le croire ! Il devait se rendre à Halifax, mais il avait emprunté le mauvais tunnel et s’était retrouvé sur mon vol. Le soir, je l’ai croisé dans le hall de l’hôtel : comme il le redoutait, sa femme ne l’avait pas cru ! »

Pour pleurer ou pour rire, l’aéroport, c’est le monde de Denise Bombardier. « C’est fou, un aéroport, c’est une planète en soi. »

LE FUTUR DE MONTRÉAL-TRUDEAU :

DÉVELOPPEMENT DURABLE,
FLUIDITÉ ET EFFICACITÉ


Pour les gens d’Aéroports de Montréal (ADM), le futur de l’aéroport est une préoccupation concrète. Comment Montréal-Trudeau fera-t-il face aux défis technologiques et environnementaux qui l’attendent et comment répondra-t-il aux besoins en infrastructures liés à la croissance du trafic ? Avec vision et audace !

« D’ici 2072, les avions continueront de décoller et d’atterrir comme ils l’ont toujours fait, affirme James C. Cherry, président-directeur général d’ADM. Cela suppose que nous conserverons les pistes telles que nous les connaissons. »

Lorsqu’il est question de prévisions stratégiques, les administrations aéroportuaires doivent se projeter loin dans le temps. En effet, le bail qui lie ADM au site de Dorval sera en vigueur jusqu’en 2072, ce qui constitue l’horizon ultime des prévisions quant aux développements pressentis à Montréal-Trudeau.

« Nous savons que nous aurons à agrandir nos installations d’ici là, indique James C. Cherry. Et comme nous ne pouvons pas déplacer les pistes, nous devrons manœuvrer dans la configuration actuelle. Quelle sera la solution ? Peut-être un terminal situé au milieu du terrain d’aviation, tout près des avions. » Les choix s’imposeront au moment venu. « Il s’agit bien évidemment de projets à long terme, ajoute le président-directeur général. Entre-temps, le défi est d’assurer que les installations que nous construisons aujourd’hui s’inscrivent dans un plan à long terme et qu’elles ne nuisent pas au développement futur. » Consulter les constructeurs aéronautiques pour connaître les caractéristiques des modèles du futur est une autre dimension du travail de prévision. « Le taux de remplissage des avions sera de plus en plus élevé tandis que ces derniers seront de plus en plus gros, de sorte qu’un nombre toujours croissant de voyageurs transiteront par Montréal-Trudeau, explique James C. Cherry. Comme nos pistes ne sont présentement utilisées qu’à 50 % de leur capacité et que le nombre de mouvements d’avions augmente moins vite que celui des passagers, cette croissance ne constitue pas un problème. Mais c’est toute la logistique entourant le mouvement de passagers qu’on doit constamment réévaluer. »

Parmi les projets à venir, il y a le réaménagement des débarcadères pour permettre un accès plus rapide et plus efficace à l’aérogare. « Il faut accroître la capacité des débarcadères en fonction des besoins croissants et revoir la configuration des stationnements et des autres installations côté ville, précise James C. Cherry. Mentionnons également le projet de Réseau électrique métropolitain, qui permettra de relier l’aéroport à la Gare centrale de façon écoresponsable et dont la mise en service est prévue à la fin de 2020. » Mais les défis ne sont pas que structurels. Le développement technologique constitue une source importante de réflexion. « Les technologies mobiles vont révolutionner la manière de procéder à l’enregistrement, indique le président-directeur général. Plutôt que de prévoir une augmentation de l’espace alloué à l’enregistrement, nous travaillons à le réduire au minimum. On pourrait alors acheter un billet et se présenter simplement aux contrôles de sécurité, pour ensuite avoir accès aux portes d’embarquement à bord de l’avion. » Il va sans dire que les contrôles de sécurité sont également dans la mire des prévisionnistes. « L’industrie est constamment à la recherche de solutions technologiques pour rendre les contrôles plus fluides et moins intrusifs. Il faut que l’expérience de voyage soit simple et conviviale. »

La gestion des bagages est aussi remise en cause. « Pourquoi les bagages ne seraient-ils pas pris en charge par un transporteur spécialisé qui se consacrerait entièrement à cette tâche ? Comme un service de messagerie qui viendrait cueillir vos bagages pour les livrer directement à votre hôtel, ce qui éliminerait l’attente aux carrousels. C’est le type de projet qui mérite d’être évalué. »

L’offre de services commerciaux va aussi s’adapter aux besoins des voyageurs. « De moins en moins de repas étant servis à bord des avions, il a fallu bonifier l’offre de restauration. De la même manière, quand il y aura de plus en plus de voyageurs en attente d’un vol de correspondance, nous devrons mettre des services spécifiques à leur disposition : douches, cabines de repos, divertissement. Quand il faut passer trois heures à l’aéroport en attendant son prochain vol, on peut souhaiter que de tels services nous soient offerts. »

Le profil de la clientèle évolue également, et les données démographiques entrent bien sûr en ligne de compte. « La population vieillit. Or, les aînés voyagent plus qu’avant. Il faut leur faciliter l’accès au moyen d’ascenseurs, de rampes mobiles, de fauteuils motorisés. Par ailleurs, la clientèle se transforme. De plus en plus de passagers étant à l’affût des nouvelles technologies, l’aéroport doit suivre les tendances, voire les anticiper. »

Amorcée depuis plusieurs années, cette transformation continuera de faire de Montréal-Trudeau un aéroport à l’écoute des besoins de ses utilisateurs.

« L’avenir de Montréal-Trudeau est des plus brillants, car nous y veillons », conclut James C. Cherry.

JULIE PAYETTE

ASTRONAUTE ET DIRECTRICE DU CENTRE DES SCIENCES DE MONTRÉAL

« La première fois que j’ai pris l’avion – je devais avoir 13 ou 14 ans –, ce fut une révélation. Je me suis sentie si bien. Je me suis dit : “Tiens, c’est ma place ici. Me voici à la maison !” »

Julie Payette est née pour piloter. Or, son attachement à l’aéroport Montréal-Trudeau n’est pas étranger à sa passion pour le pilotage. « Je me souviens du jour où un de mes oncles est parti pour l’Europe. On ne voyageait pas beaucoup dans la famille, faute de moyens. Alors vous imaginez que ce jour-là, c’était la fête ! Je viens d’une famille très nombreuse, j’ai beaucoup d’oncles, de tantes et de cousins et cousines. Nous étions tous là, sur la grande galerie. Eh oui, dans le temps, on pouvait voir décoller les avions de l’extérieur de l’aéroport. Il faisait un temps magnifique. Nous envoyions la main à mon oncle qui nous quittait pour un long voyage, submergés par l’émotion à la vue du décollage d’un si grand appareil. C’est un événement qui m’a beaucoup marquée et qui a sans doute influencé ce que j’ai choisi de faire dans la vie. » En effet, à la suite de cet événement crucial, Julie Payette ne rêvait plus que de partir à son tour. « La première fois que j’ai pris l’avion – je devais avoir 13 ou 14 ans –, ce fut une révélation. Je me suis sentie si bien. Je me suis dit : “Tiens, c’est ma place ici. Me voici à la maison !” »

Déterminée à devenir pilote, mais confrontée aux puissants stéréotypes de l’époque, la jeune Julie se faisait parfois conseiller d’abandonner son rêve et d’opter pour le métier d’agent de bord, puisqu’elle aimait tant les avions. Mais, contre toute attente, elle a persévéré pour devenir pilote, puis astronaute. Au cours des missions réalisées à bord des navettes spatiales Discovery, en 1999, et Endeavour, en 2009, elle a vu la Terre sous tous ses angles, d’une perspective que la plupart d’entre nous ne peuvent qu’imaginer. Et pourtant… « On me demande souvent si les vols en avion deviennent banals et ennuyeux pour quelqu’un qui, comme moi, a voyagé dans l’espace. Mais non, je ne me lasse pas de prendre l’avion, avoue-t-elle. Chaque voyage est une aventure, ce n’est jamais ordinaire. Je demande toujours une place près du hublot. Je veux sentir le vol, apprécier la vue. Voyager en avion est un grand plaisir. »

Et chaque passage à l’aéroport Montréal-Trudeau – qu’elle appelle son aéroport – ajoute au plaisir du voyage. « Il y a ici une qualité unique. L’aéroport est une véritable porte d’entrée vers la métropole. On sent qu’on arrive dans une grande ville francophone, et c’est ce qui fait la particularité de Montréal-Trudeau. Pour moi, l’expérience à l’aéroport fait partie du voyage. On s’y sent bien, comme à Montréal. »

DATES CLÉS

1941

Ouverture de l’aéroport Dorval, le 1er septembre

1946

Lancement d’une liaison commerciale transatlantique par BOAC

1946-1951

Prolongement des pistes 10-28 et 06-24 (06G-24D)

1958

Ouverture d’une troisième piste (06D-24G)

1960

Ouverture d’une nouvelle aérogare, alors l’une des plus grandes du monde

1967

Agrandissement de la jetée internationale pour l’Expo 67

1970

Mise en ligne du Boeing 747 par Air France

1975

Transfert des vols internationaux de Dorval à Mirabel

1982

Décision du gouvernement du Canada de maintenir les vols domestiques et transfrontaliers à Dorval

1982-1985

Travaux de modernisation de l’aérogare et construction du stationnement étagé

1992

Prise en charge des aéroports de Dorval et de Mirabel par Aéroports de Montréal

Début des travaux au niveau de l’aérogare et des débarcadères

1993

Entrée en service de la nouvelle tour de contrôle

1997

Retour des vols internationaux réguliers à Dorval

Ouverture du nouveau centre de dégivrage et nouveaux aménagements dans l’aérogare

2001

Lancement d’un vaste programme d’agrandissement et de modernisation

2003

Ouverture de la nouvelle jetée transfrontalière et mise en service de la nouvelle centrale thermique

2004

L’aéroport est renommé en l’honneur de Pierre Elliott Trudeau

Ouverture du nouveau complexe des arrivées internationales

Transfert des vols nolisés de Mirabel à Dorval

2005

Ouverture de la nouvelle jetée internationale

2006-2009

Modernisation du secteur domestique et des halls publics des arrivées

2009

Ouverture du nouveau secteur des départs transfrontaliers et de l’hôtel Marriott intégré à l’aérogare

2011

Mise en ligne de l’Airbus A380 par Air France

Début des travaux d’agrandissement de la jetée internationale

2015

Lancement de la liaison Montréal-Beijing par Air China

2016

Inauguration de l’agrandissement de la jetée internationale et annonce du projet de Réseau électrique métropolitain reliant l’aéroport à la gare Centrale

VEILLEURS
AÉROPORTUAIRES

PATRICK CARDINAL



« Les Veilleurs aéroportuaires sont de véritables passionnés d’aviation. Nous sommes très fiers de pouvoir collaborer à la sûreté et à la sécurité de Montréal-Trudeau. »

Patrick Cardinal mène une double vie. Informaticien de profession, il est aussi membre des Veilleurs aéroportuaires. Que fait ce groupe ? « Nous nous réunissons aux abords de l’aéroport pour observer les appareils qui décollent et qui atterrissent, explique Patrick Cardinal, président des Veilleurs aéroportuaires. Plusieurs prennent des photos des aéronefs et s’adonnent à la vidéo. L’association regroupe environ 45 membres. Les beaux jours d’été, de nombreux passionnés de l’aviation se joignent à eux au parc Jacques-de-Lesseps. »

Inauguré en 2012, ce parc est en quelque sorte le cadeau d’Aéroports de Montréal aux veilleurs et aux autres amateurs d’avions. Baptisé en l’honneur du premier pilote à avoir survolé Montréal en 1910, le parc Jacques-de-Lesseps offre une excellente vue sur les pistes de Montréal-Trudeau. « Avant que ce parc nous soit destiné, nous devions trouver des endroits publics nous permettant d’avoir la meilleure lumière pour nos photos. Maintenant, nous avons un point de ralliement. La création de ce parc constitue une belle reconnaissance de notre contribution. »

Cette contribution n’est pas banale. « Les veilleurs aéroportuaires sont de véritables passionnés d’aviation. Nous sommes très fiers de pouvoir contribuer à la sûreté et à la sécurité de Montréal-Trudeau. Nous sommes bien placés pour voir ce qui peut survenir autour du périmètre ; dès que nous constatons une anomalie, nous en avisons les autorités. »

Il y a plus de 20 ans que Patrick Cardinal consacre ses temps libres à l’observation aéroportuaire. Depuis 10 ans, sa passion s’exprime aussi par la photographie. « Je travaille également comme photographe d’événements pour Montréal-Trudeau. Ça me permet de conjuguer ma fascination pour les avions et mon amour de la photo. »

Après deux décennies d’observation, Patrick Cardinal continue de s’émerveiller à la vue de certains avions plus rares qui atterrissent exceptionnellement à Montréal-Trudeau. « Un événement annuel formidable est l’arrivée d’avions en provenance du Japon, des vols nolisés que nous n’avons pas l’habitude de voir ici. Les touristes japonais viennent en grand nombre au Québec à l’automne pour observer les paysages. Aussi, chaque fois qu’un gros porteur arrive, c’est toujours impressionnant. Je ne me lasse pas d’observer les avions. »